Ce matin, tu es à nouveau dans ce quartier que tu connais mieux encoR' que le fond de ta
poche ...
Tu marches sur ce trottoir.
Tu passes devant cette boutique, à côté de l'horodateur ou tes pièces de monnaie se sont
englouties tant de fois .
Tu vois le volet roulant ouvert ...
Comme portée, emportée par un 'je ne sais quoi', brusquement, tu franchis le pas de la
porte, sans savoir pourquoi ...
Tu t'étais promis de le faire un jour.
Juste comme ça , juste pour ...
Le jour gris est là.
Tes pieds se posent sur ce carrelage connu.
Une odeur frôle tes narines .
Non, ce n'est pas celle 'd'avant' mais un peu pourtant .
Une odeur connue.
Juste celle que tu crois percevoir de cet 'avant' là ...
Le bruit des séche-cheveux grondent à tes oreilles.
Tu t'approches un peu plus ... Tes jambes tremblent si peu .
Un homme t'accueille , il te demande ... Tu expliques pourquoi tu es là ... Vite fait ,
maladroitement, tu réponds sans même le voir car tu regardes déja ailleurs .
Ta mémoire vole, survole ce lieu ...
Tu te vois dans ces miroirs , cette enfilade de reflets que tu connais par
coeur.
Les recoins lumineux ou tu savais voir ce qu'il ne fallait pas surprendre... Puis, d'un
oeil perdu , tu le regarde , LUI... Il est là .
Les fauteuils absents se matérialisent à nouveau.
Les clientes sont là, patientes , résignées a attendre leur tour en ce jour de grosse
affluence...
Toi, tu t'affaires au bac, tu viens encaisser, tu repars.
Le téléphonne sonne... Aujourd'hui ? Hier ?
Mais aujourd'hui, tu es posée là , comme une bécasse hébahie de son audace .
L'homme te parle . Tu sens ta voix se serrer , tes yeux commencent à se mouiller et voila
que tu pleures vraiment devant un inconnu !
Les spots, les murs, les miroirs, le plafond , le banc de coiffage, la porte du tableau
électrique que tu as si souvent ouverte,
Puis, la caisse , l'escalier ...
Vient le tour de la mézzanine et le sous -sol que tu entrevois mais ou tu ne
descendras surement pas même si l'Homme te le propose. Tes yeux s'envolent en haut , en bas, se promènent et se ferment parfois ...
Ta mémoire vole, survole encore puis revient en force triomphante .
Et là ? Tu es transportée 28 ans en arrière ...
Ton coeur bat . Tes tempes ont chaud ... Tes mains sont moites .
Tes yeux deviennent de plus en plus flous .
J'efface honteusement une larme scélérate qui s'est frayé un passage sur ma joue
...
Je balbutie des mots ... Je m'excuse .
L'homme me comprend. Me comprend t il vraiment ?
Je n'avais pas franchi le pas de cette porte depuis 12 ans , 12 longues années .
C'était le salon ou j'ai travaillé pendant 17 ans .
C'était le salon ou j'ai tendrement aimé le père de ma fille ...
C'était NOTRE salon ...
Je m'en irai sans me retourner ...
Et j'irai me refugier dans les bras de mon amie qui habite en face et qui a tant connu cet
endroit , elle aussi ...
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